LE DÉVELOPPEMENT LEXICAL : DESCRIPTIONS, OUTILS, ÉVALUATIONS

Dès la première année, le jeune enfant construit un système de communication et constitue son lexique. Le processus d’acquisition lexicale est considéré comme une base fondamentale pour le développement des autres compétences linguistiques (Bassano, 2005 ; Kern, 2012). Il apparaît notamment comme un bon prédicteur du développement morphosyntaxique ultérieur (Bates & Goodman, 2001) et de la réussite scolaire (David, 2000), et en particulier, des compétences futures en lecture et écriture. Ainsi, le vocabulaire est souvent ciblé dans les séances de langage des enseignant·e·s, par le biais d’activités visant l’apprentissage de nouveaux mots en production et en compréhension (Roubaud & Moussu, 2012) à partir de supports variés (images, textes narratifs, etc.). 

Parallèlement à d’autres aspects du développement de l’enfant, la taille de son vocabulaire augmente pour tendre vers une compétence lexicale adulte. Bien que de nombreuses variations inter-langues (Gopnik & Choi, 1995) et inter-individuelles (Nelson, 1981) aient pu être observées, les recherches mettent toutefois en évidence des régularités quant à l’âge d’apparition des premiers mots (Kern & Gayraud, 2010), au rythme d’acquisition (lent au départ avant une accélération après 50 mots acquis) et à la composition grammaticale et sémantique des premiers mots (noms vs. prédicats). Différents facteurs ont pu être envisagés afin d’expliquer ces caractéristiques quantitatives et qualitatives propres au développement lexical, parmi lesquels l’influence de l’input (i.e. toutes les formes linguistiques auxquelles les enfants sont exposés). Certaines études soulignent, par exemple, l’influence de la quantité de données linguistiques reçues par l’enfant sur son développement lexical. Plus l’input est important, plus la taille du lexique l’est également (Hart & Risley, 1995 ; Weizman & Snow, 2001). 

Les travaux s’intéressant au développement atypique ont cherché quant à eux à comparer les processus d’acquisition. Bien qu’une ligne développementale similaire soit observée avec un décalage temporel pour certaines pathologies comme dans le cas des troubles du développement du langage oral (Piérart, 2005) ou du syndrome de Down (Thibaut, Elbouz & Comblain, 2006), ils ont notamment relevé la présence de troubles lexicaux (Bishop, 1997 ; Piérart, 2004 ; Gray, 2006). En outre, ces travaux cherchent également à apprécier le niveau lexical d’un sujet à un moment particulier, voire les effets d’une intervention professionnelle sur les compétences lexicales. Par exemple, il a été montré qu’un traitement basé sur la précision et l’organisation sémantique favorisait le développement lexical dans le cas d’un retard en langage oral (Bragard & Maillart, 2005) ou que différentes méthodes aidaient à stimuler le développement du lexique telles que les méthodes bimodales (Rondal & Seron, 2000 ; Bornstein & Saulnier, 1980) ou l’utilisation du code LPC (Langage Parlé Complété) (Hage, 1994) pour les enfants présentant une surdité. 

Parmi les méthodes d’évaluation des compétences lexico-sémantiques de sujets, il est par exemple possible d’avoir recours à des épreuves induisant des comportements (e.g. tâche de dénomination ; tâche de fluence etc.), à des mesures spécifiques d’analyse du langage spontané (e.g. Indice de Diversité Lexicale) ou encore à des questionnaires parentaux (e.g. IFDC, DLPF). On peut néanmoins s’interroger sur la pertinence de ces méthodes et de la manière dont elles rendent compte des compétences lexicales des sujets.

Cette journée d’étude se donne donc comme double objectif de décrire les processus lexicaux et d’interroger les outils et méthodes employés pour évaluer les compétences lexicales d’enfants à développement typique ou atypique dans diverses situations (cadres familial, scolaire ou orthophonique).

Pour ce faire, les conférencier·e·s invité·e·s chercheront à répondre aux questions suivantes :

-       Quelles sont les connaissances actuelles sur le développement lexical ?

-       Par quels moyens évalue-t-on les compétences lexicales et leur évolution ?

-       En quoi les outils utilisés pour l’évaluation sont-ils pertinents ?

-       Quelles sont les procédures (Péroz, 2014, 2018) permettant aux enfants de faire de nouvelles acquisitions ou de poursuivre leurs apprentissages lexicaux ?